Bien sûr, il y a les parasols, les distributeurs de snacks bio, les piscines en plein air et les ingénieurs débraillés tapant la balle sur les tables de ping-pong. Au siège californien de Mountain View, Google s’expose tel qu’on l’imagine. A un détail près : en repartant, on remarque un immense squelette de tyrannosaure, que les arbres masquaient à l’arrivée.
«C’est la plus grosse reproduction existante d’ossements de T-Rex, nous apprend un employé. Les fondateurs, Larry Page et Sergey Brin, ont trouvé ça cool.» Cool ? Dans la gueule de la bête, trois flamants roses en plastique passent un mauvais quart d’heure. Et dix autres oiseaux décorant la pelouse sont promis au même sort. «C’est un jeu inventé par des salariés, poursuit notre hôte. D’ici Halloween, tous les flamants vont y passer.»
Nous voilà prévenus : l’ogre Google a toujours faim. Ces trois dernières années, son chiffre d’affaires a plus que doublé (21,8 milliards de dollars en 2008) et ses effectifs ont quintuplé (près de 20 000 personnes). Mais la firme en veut plus. Déjà à la tête du moteur de recherche le plus puissant du monde, elle entend à présent connecter l’ensemble de la planète : fin 2010, Le français Thales lui livrera 16 satellites de télécoms voués à apporter le haut débit aux populations privées d’Internet, dans le cadre du programme Other 3 billions (les 3 milliards d’habitants restant).
«Sky is the limit», disent les Américains. Pourtant, «Google arrive à une période charnière, nuance l’analyste Tristan Louis, de Tnl.net. Pour grossir encore, il va lui falloir éviter bien des écueils.» Et d’abord préserver sa célèbre obsession de l’innovation, indispensable pour se diversifier et moins dépendre des recettes publicitaires du moteur de recherche, l’essentiel de son business. Dans la vidéo, dans la téléphonie ou… dans nos cuisines, les projets fourmillent. Mais cet activisme porte une menace : et si, à force de voir le logo bleu, rouge, jaune et vert à chaque minute de leurs vies, les Terriens finissaient par trouver Google envahissant ?
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Mais les Californiens ne se contentent pas d’affronter les héritiers de Bill Gates. Petit à petit, l’entreprise pousse ses pions dans des secteurs aussi ambitieux que stratégiques. Dans la téléphonie, elle a créé le système d’exploitation Android, rival de l’iPhone d’Apple, et développe à toute vitesse des applications révolutionnaires, comme la géolocalisation. Dans l’éducation, elle pousse Google Scholar, un moteur de recherche spécialisé dans les articles académiques et autres papiers scientifiques, qui séduit les universitaires. «Je n’y peux rien, moi, si ce service est meilleur que la bibliothèque en ligne de Stanford !», sourit le professeur Pfeffer.
Anne Rosencher. (Capital)
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